Suspendre la vessie pour une antenne.

Ah bin zut alors !
Je me demande si je ne vais pas finalement lâcher le monde ingrat et poussiéreux des bibliothèques pour me lancer dans le paranormal. Je pourrais... je sais pas moi... ouvrir un cabinet de voyance, enseigner la langue occulte ou monter une équipe de chasseurs de fantômes.
Bon, déjà, ça fait quelque temps que je fais de la télépathie involontaire avec ma frangine. Pas de quoi fouetter un chat gras comme un sumotori. Mais c'est depuis ce matin que je commence à flipper grave ma race. Je crois que j'ai une connexion directe avec l'au-delà, en wifi et en stéréo.

L'affaire a commencé ce matin, à 7h00 précises, alors que, l'oeil vitreux et le poil hirsute, je progressais difficilement vers la cuisine dans le but inavouable de me faire un bon café. Pour m'aider dans cette lourde tâche, j'allume la radio. France Inter, même. Et là, à 7h03 très exactement, c'est le choc. Au lieu des traditionnelles analyses financières et non moins traditionnels récits des atrocités perpétrées sur notre belle planète, je n'en crois pas mes oreilles : j'entends Le lion est mort ce soir, par Henri Salvador. Un frisson d'inquiétude a couru le long de mon dos velu. Après Carlos, se pouvait-il que nous dussions dire adieu à ce sémillant jeune homme de quatre-vingt-dix ans ?
J'étais à deux doigts et demi d'allumer des cierges quand une voix suave est venue me rassurer. Meuh non, eh, il va bien, notre Riton national, c'est juste que France Inter a décidé ce matin de ne diffuser que de la musique. La faute à un mouvement social destiné à "obtenir des garanties dans le cadre du projet de suppression de la publicité" dans l'audiovisuel public. Je pousse un "ouf" de soulagement et me délecte avec la programmation musicale, car il faut bien reconnaître que les meilleurs moments de France Inter, c'est les jours de grève.
Et puis je commence une passionnante méditation qui m'amène à me positionner résolument contre la suppression de la pub-qui-me-permet-d'aller-pisser-entre-deux-épisodes-de-Doctor-Who. Ma vessie n'étant pas sans un seuil limite de contenance, je dois trancher entre un besoin naturel et ma passion (pour laquelle je n'envisage pas de manquer ne serait-ce qu'une seconde du générique). Je ne vais quand même pas devenir un spectateur exclusif de TF1 afin de pouvoir raisonnablement satisfaire les contraintes de Dame Nature ?
Bref : Faire ou ne pas faire... telle est la question.
J'en étais encore un peu là vers 10h30-11h00 (c'est tout de même une question qui mérite qu'on prenne le temps de la réflexion, non ?), lorsqu'est tombée l'annonce de la mort - définitive et bien réelle cette fois - d'Henri Salvador.
Merde alors.
Finalement, le lion est mort ce matin.
Zorro est reparti, et moi, aujourd'hui, j'ai eu envie de voir Syracuse. Avant que ma jeunesse s'use et que mes printemps soient partis...

Mais peut-être que c'est lui qui avait raison : tout ça, c'est pas grave...

Henri Salvador - tout ça c'est pas grave (1963)

Comments

[l'emmerdeuse]

Souris, mon frangin...
Il doit bien se marrer, l'autre jeune vieillard.
Quant à tes connexions avec l'Au-Delà, elles sont définitivement bien réelles (tu ES le maître des clés, Zoul !)